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Immersion dans le monde des jeunes entrepreneurs qui changent les règles du jeu

«Notre objectif est de participer à la construction du monde de demain en incitant un maximum de jeunes à devenir acteurs du changements», cette véritable profession de foi figure en bonne place sur le site de «Young Change Maker» sur la page consacrée aux conférences organisées par le groupe.

Intrigant, interpellant même, à tenter en tout cas. D’autant plus que la conférence du 29 mars dernier promettait une belle brochette d’intervenants.

La diversité dans tous ses états

Leur âge: ils ont presque 35 ans ou à peine plus de 20. Leur look: de rappeur, de sapeur, de cadre moyen, d’intellectuel à petites lunettes cerclées d’or ou de jeunes gens de bonne famille. Leur origine: d’ici ou d’ailleurs. Leurs points communs: ils sont entrepreneurs -pour la plupart des poids lourds de leur secteur-, à l’aise dans leur rôle de chefs d’entreprise dans des domaines innovants, et bien décidés à partager leur expérience.

C’est pourquoi ils ont répondu à l’invitation de Young Change Maker et se succèdent pendant plus de deux heures ce 29 mars sur l’estrade de l’Atelier Digital de Google installé à BeCentral. Face à eux, un public jeune et attentif où la diversité de genre, d’origine, de style s’impose comme une évidence. Anecdotes, bons plans, galères, conseils s’enchaînent dans une ambiance décontractée à peine troublée par l’arrivée du Prince Laurent et de sa fille Louise. Et pour terminer la journée, comme on n’a encore rien inventé de mieux pour susciter les contacts et encourager les échanges, tous les participants se réunissent autour d’un verre dans un brouhaha aussi joyeux et constructif.

La philosophie de YCM

Aux commandes de cet évènement, le onzième du genre, l’équipe de «Young Change Maker» dont l’aventure a commencé il y a déjà quatre ans comme l’explique Célestin de Wergifosse, entrepreneur depuis l’âge de 14 ans et l’un des fondateurs de YCM avec Darbi Lubamba et Nathan Soret : «Nous nous sommes rendu compte que certains de nos amis, de nos relations étaient des acteurs de changement dans leur domaine, mais qu’ils manquaient de visibilité. Cela nous a donné l’envie, la motivation d’organiser un événement autour d’eux afin d’essayer d’inspirer le plus de jeunes possible pour qu’ils se rendent compte qu’on peut avoir un impact positif sur le monde, sur la société ou à une échelle un peu plus locale peu importe son âge, qu’on ait 15, 20 ou 25 ans. C’est ainsi qu’a eu lieu il y a quatre ans un premier événement au Parlement bruxellois. Cela nous a valu une interview dans le journal télévisé. Énormément de gens nous ont demandé ensuite quand nous organisions une prochaine conférence alors que cela n’entrait vraiment pas dans nos projets ! Par la force des choses, nous en avons tout de même organisé une deuxième, une troisième, etc. Nous nous efforçons d’être aussi larges que possible dans le choix des intervenants. Nous accueillons aussi bien des entrepreneurs ‘purs et durs’, des jeunes qui créent leur business, leur startup, que des journalistes, des photographes, des artistes, des musiciens, des danseurs… Peu nous importe pour autant que tous ces jeunes aient le point commun de créer un impact positif capable de changer le monde à leur échelle.»

Multiplicité d’expériences

En cette soirée de début de printemps, les participants à la conférence de YCM ont été gâtés: le vidéaste et photographe français d’origine algérienne Samir Bouadla leur a expliqué comment au sein de Yard, l’un des media de la galaxie rap les plus suivis en France et en Belgique, il a récemment réalisé un clip pour Booba et Medine ainsi que ‘Balance ton bitume’, un documentaire associant le football et la rue pour Netflix.

Quant à Galo Diallo, il a touché deux milliards de personnes en 2018 par le truchement de Smile, un nouveau groupement d’influenceurs, youtubeurs, instagramers véritablement populaires aujourd’hui. A propos de son métier qu’il qualifie lui-même de «nouveau», il explique: «Je me suis rendu compte que personne ne s’occupait de développer, entourer, stabiliser les carrières de ces jeunes âgés de 18 à 25 ans qui s’illustrent sur le web car il faut une bonne santé mentale, une certaine stabilité pour pouvoir perdurer après être passé du jour au lendemain de l’anonymat à la notoriété.» Celui qui a commencé avec une casquette de manager se définit aujourd’hui comme un directeur d’agence qui a découvert de nombreux talents.

Fanny Everard et Manuela Moutafian, les benjamines de la soirée, sont du haut de leurs 21 et 23 ans à l’origine du projet ‘What about Waste’ qui fonctionne actuellement dans trois pays avec le concours d’une grosse dizaine de bénévoles. Si on ne peut pas encore les qualifier d’entrepreneuses au sens strict du terme car elles donnent pour le moment la priorité à leurs études, la haute valeur symbolique de leur croisade en vue d’imposer l’usage des pailles métalliques à la place des pailles en plastique, voire de bannir purement et simplement de notre quotidien ces pailles superflues ne leur semble pas contradictoire avec l’idée de gagner de l’argent. «Pourquoi seules les grosses entreprises seraient-elles légitimes à le faire?» demandent-elles en choeur.

Moussa Camara, entrepreneur de 33 ans originaire de la banlieue parisienne, est venu présenter son association ‘Les déterminés’. «Moi qui ai fondé ma première entreprise à l’âge de 21 ans, j’ai décidé de capitaliser sur mon expérience pour la transmettre à d’autres personnes se trouvant dans la même situation que moi à mes débuts», explique-t-il. «Il n’est pas évident de se lancer quand on est tout seul, qu’on n’a pas de réseau ni les outils pour concrétiser son idée, on a tendance à s’auto-censurer, se limiter et se démotiver. Nous ne nous focalisons ni sur le produit ni sur le niveau d’étude, ni sur le statut social mais sur la personne, sur l’humain.» Et il conclut: «Il faut lutter contre le déterminisme social. Rien n’est déterminé quand on est déterminé.»

Fif Tobassi, co-fondateur du site Booska-P dédié à 100% au rap français, a réussi l’exploit de devenir un acteur connu du rap français sans être lui-même rappeur. Il raconte les différentes étapes de sa carrière depuis les années 2004-2005 quand il filmait les rappeurs de son quartier bien avant l’avènement de Youtube, Daylimotion, Intragram et autre facebook, comment il s’est fait une spécialité des reportages backstage, comment il a «fait un media pour donner de la lumière aux gens qui n’ont pas de lumière», comment il a alterné les aller-retours derrière et devant la caméra et comment Booska-P collabore désormais avec les grandes marques de la culture rap avant de conseiller: «Si tu as une idée qui te passionne et que tout le monde te prend pour un fou, c’est là que ça va marcher !»

Félicien Bogaerts enfin, dont on ne présente plus les activités de présentateur sur les chaînes de la RTBF et de youtubeur ni l’engagement en faveur du climat, sous le couvert de présenter la plateforme Facebook «Le Biais vert», a resitué l’entreprenariat moderne, ou tout au moins ce qu’il devrait être, dans le contexte sociétal actuel: «Les jeunes sont plus sensibles aux problèmes environnementaux parce qu’ils ont normalement encore de nombreuses années devant eux avec tous les risques associés, guerres pour le pétrole, modifications climatiques qui rendent certaines zones inhabitables, déstabilisation de la démocratie, migrations climatiques, etc», a-t-il expliqué. «Moi ce qui m’intéresse aujourd’hui c’est de poser la question du sens. On est là pourquoi ? Pour profiter pendant quelques années encore d’une économie qui est en train de casser la planète ? Pour faire de l’argent ? Ou a-t-on plutôt envie de consacrer notre énergie à produire de manière raisonnée ? je crois qu’on doit tous se poser cette question aujourd’hui au moment où l’on entreprend.» Il a poursuivi par une ode à la sobriété: «Dans nos sociétés, on a souvent remplacé la notion de bonheur par la notion de plaisir, par l’addition des plaisirs à chaque fois que l’on assouvit une envie, alors que le bonheur se bâtit surtout sur des choses immatérielles, l’amitié, la confiance, l’amour, la musique... Dans notre société, on est aussi sous le coup de cette religion économique qui nous bombarde de publicité, nous donne l’injonction de consommer et je pense que la première chose est de se libérer de cela.»

A votre tour

Une nouvelle conférence est sans doute déjà en gestation, avec de nouveaux intervenants, issus d’univers différents certainement, inattendus probablement, pour une expérience qui vaut vraiment la peine d’être tentée. Car tous ceux que l’envie d’entreprendre titille sont les bienvenus, sans distinction de genre, d’origine, de provenance, de formation, d’âge même, à l’image de Bruxelles, l’une des villes les plus multiples et les plus cosmopolites du monde. Et s’ils ont besoin de conseils, de soutien pour se lancer, ‘Young Entrepreneurs of Tomorrow’ (YET) du service 1819 est là pour leur apporter tout le support nécessaire et pour les aider à faire de Bruxelles un modèle de diversité entrepreneuriale.

 

Ecrit par Catherine Aerts pour YET 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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